L'assistant partagé, un statut gagnant-gagnant

L’assistant partagé, connu officiellement sous le nom d’assistant spécialiste à temps partagé, est un jeune praticien diplômé en médecine. Ce dispositif, porté par l’agence régionale de santé (ARS), permet à ces jeunes praticiens de partager l’exercice de leur activité entre deux établissements de santé partenaires le tout jusqu’à deux années consécutives.

Ce fut le cas du Dr Guillaume Pineau, accueilli sur ce type de poste entre le service du Dr Françoise Villemain au secteur G04 de l’établissement et le pôle de la clinique des Maladies Mentales et de l'Encéphale de l’hôpital Sainte-Anne du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences de novembre 2015 à octobre 2016.

C’est au cours de cette période que le Dr Guillaume Pineau, supervisé par le Dr Françoise Villemain et le Pr Gorwood, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne, a développé et mis en place son projet de recherche ayant pour titre « La mesure électrophysiologique de la réactivité aux émotions positives chez les patients déprimés : un marqueur précoce prédictif de bonne réponse aux antidépresseurs ? ».

 

Une étude pilote visant à de nouvelles avancées pour les traitements antidépresseurs

Il existe de nombreuses stratégies de traitement pour les patients présentant un épisode dépressif majeur. Le taux de réponse au traitement, estimé à environ 50%, est cependant sous-optimal. À l’heure actuelle, il n'existe aucun marqueur biologique fiable pour identifier une meilleure réponse aux antidépresseurs chez les patients souffrant de ce type de trouble.

De plus, la littérature montre que trouver rapidement le traitement approprié pourrait être associé à des chances de réussite plus élevées : choisir le bon antidépresseur pour un rétablissement rapide est donc un enjeu majeur de santé publique car cela permettrait de réduire l'impact négatif de la dépression, notamment les conséquences sociales, les dommages cognitifs, et les coûts globaux de santé publique.

C’est sur cette base que cette étude pilote longitudinale a été réalisée. Celle-ci a eu pour objectif principal de réaliser une mesure de la réponse de conductance cutanée afin d’évaluer la réactivité émotionnelle des patients à différentes périodes suivant l’initiation d’un traitement antidépresseur.

 

Déroulement de l’étude

Cinquante-quatre sujets adultes ayant un épisode dépressif majeur ont été recrutés et suivis pendant 3 mois au sein de différents services dont l’unité d’hospitalisation du secteur G04.

Après un jour et sept jours de prise de traitement antidépresseur (soit à J1 et à J7 du démarrage du traitement), les chercheurs ont provoqué des stimuli émotionnels sur le sujet inclus dans le projet de recherche. Les réponses de conductance cutanée et émotionnelle subjective étaient enregistrées durant cette stimulation. Les sujets ont été ensuite revu 3 mois plus tard (soit J90 du démarrage du traitement) pour réaliser une échelle d'évaluation de la dépression de Montgomery et Åsberg (MADRS) utilisée pour dépister la réponse des sujets au traitement et distinguer les sujets répondants et non répondants.

 

Résultats

Sur l’échantillon total des sujets inclus, on recense 28 répondants et 15 non-répondants.

L’EPS Barthélemy Durand a inclus neuf patients sur les cinquante-quatre sujets recrutés.

Alors que la conductance cutanée à J1 du démarrage du traitement ne différait pas entre les répondants et les non-répondants, à J7 celle-ci était plus élevé chez les répondants pour les stimuli positifs, négatifs et neutres. Les taux de conductance cutanée à J7 avaient une valeur prédictive négative relativement faible (38 %) mais une forte valeur prédictive positive (95 %). D'autres études sont nécessaires pour répliquer dans un échantillon plus large et valider ces résultats préliminaires qui suggèrent que l'activité électrodermique après le début du traitement pourrait aider à prédire l'efficacité des antidépresseurs.

Ce travail de recherche a permis de publier un article début 2022 sur ce sujet dans la revue Psychiatry Research. Cette publication, impliquant trois chercheurs de notre établissement, sera valorisée dans le calcul de l'évaluation de la dotation MERRI, des crédits étant la base budgétaire de l'activité recherche dans de nombreux établissements.

Lien de l'étude : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0165178122000154?dgcid=author

LE SAVIEZ-VOUS ? En 2016, le GHU Paris psychiatrie & neurosciences et l’Établissement public de santé Barthélemy Durand ont été précurseurs à la création du poste d’assistant recherche partagé, selon le régime « Bachelot ».